Et si vous étiez le journaliste de votre vie ? C’est ce que vous propose Anna Edery avec son nouveau jeu de cartes « Success Story ». A la manière d’un journaliste, vous allez pouvoir mettre en récit le passé, l’actualité ou le futur de votre projet de vie professionnelle et/ou privée en l’étayant de faits réels ou que votre imagination rendra réels. Success Story c’est votre histoire !
Anna Edery est interviewée par Anne Josse
Anna, peux-tu "pitcher" ton jeu en une phrase ?
Anna Edery : Ce jeu de cartes est un support créatif pour stimuler son imaginaire et élaborer plus facilement et de façon ludique SON propre récit d’un bilan, d’un projet, d’une envie. Tirez une carte- titre au hasard , écrivez la suite de l’histoire et faites-en un tremplin vers votre succès !
Qu’entends-tu exactement par réussite ?
Anna : Toute sorte de réussites ! A partir du moment où mon objectif a été atteint et que j’en tire une satisfaction, je peux dire que j’ai réussi. Il peut s’agir de faire un peu de marche tous les jours, d’oser faire quelque chose que je m’interdisais d’accomplir, de remporter un marché, de développer mon entreprise, de réussir ma vie de couple… ou ma séparation, d’entrer dans l’école de mes rêves, d’améliorer mon management… Une réussite pour quelqu’un ne le sera pas pour une autre personne . C’est bien pour cela que le slogan parle de VOS réussites.
Tu as déjà conçu plusieurs jeux de cartes et participé à l’écriture d’ouvrages. Comment est né ce projet de jeu ?
Anna : Il remonte à une douzaine d’années ; lorsque je me formais chez IRIS créativité. Il y avait un jeu qui consistait à parler a posteriori de son projet abouti à la manière d’un journaliste. Séduite par cette approche ludique, j’avais alors conçu mon propre jeu de cartes à l’aide de fiches Bristol. Sur ces fiches, j’avais collé des Unes et titres de journaux. Je m’en suis servie plusieurs fois dans mon activité de coach et l’ai ensuite mis de côté. Et puis, régulièrement je me disais, « est-ce que ça ferait un jeu Souriez Vous Jouez ? ». Récemment j’ai ressorti le jeu de cartes de mon tiroir (eh oui, je l’ai toujours !) et l’ai testé auprès de ma sœur Marie Edery et de quelques confrères et consœurs coachs….tous ont été enthousiasmés. Les garçons* ont eux aussi adhéré au projet. En 4 mois, avec mon complice créatif de toujours Ivan Leprêtre, le jeu de cartes était créé et imprimé par Greg, notre imprimeur de confiance.
*Manuel de Sousa et Arnaud Constancias, associés de Souriez Vous Jouez
(photo : le premier modèle de jeu de cartes-titres 100% fait maison par Anna Edery, avec des fiches Bristol)
Peux-tu m’expliquer comment utiliser Success Story ?
Anna : Success Story repose sur une technique créative bien connue des coachs et des facilitateurs : l’association forcée. Cette contrainte stimule la créativité. Une image, une question, un mot, une citation servent de tremplin à l’imaginaire pour entamer une présentation par exemple. Cette fois-ci, le point de départ sont des Unes de journaux, dont je me suis inspirée ou que j’ai créées de toute pièce. Piochés au hasard ou choisis, les titres sont le prétexte d’une mise en récit. Ils servent d’inspiration pour élaborer ou revisiter un récit, sur un fait passé, un état présent, un futur souhaité, un état désiré. Le jeu comporte 55 cartes « titres » en tout.
Plusieurs scénarii sont possible lorsqu’il s’agit de raconter. Quel est le rôle du coach ou du facilitateur dans cette mise en récit ?
Anna : C’est lui qui donne la ou les consignes. Selon le type d’accompagnement, l’expérience du coach et la situation, la mécanique peut être plus ou moins élaborée. Dans la notice du jeu et sur le site de Souriez Vous Jouez, plusieurs animations sont suggérées. Elles peuvent être suivies ou inspirer de nouveaux usages ! J’en rappelle ici quelques principes clefs. Le tirage des cartes peut se faire en jeu ouvert avec le jeu étalé sur une table ou au sol, ou en jeu fermé ou aléatoire. Il peut se jouer en solo (dans le cadre d’un autocoaching), en duo ou en équipe. Personnellement, je trouve que la présence de l’autre est un plus dans cette approche narrative. L’histoire a bien plus de force et d’impact lorsqu’elle s’adresse à quelqu’un, qu’elle a un lecteur ou un auditeur.
Le coach guide dans l’élaboration du récit : en faisant tirer une ou plusieurs cartes de titres à intégrer dans son histoire ; en proposant un format de restitution orale ou écrite ; en prolongeant l’expérience du récit avec la création, individuelle ou en équipe, d’un storyboard pour illustrer les étapes du plan d’action découlant du récit !
Pourquoi avoir choisi des titres de journaux ?
Anna : Parce que les titres ont cette capacité à « accrocher ». Un bon titre interpelle pour donner envie de lire la suite. C’est donc un formidable moyen d’ouvrir un récit ! J’avais aussi envie de faire référence à l’objectivité attendue de la Presse. Se mettre dans la peau du journaliste, c’est aller puiser dans le concret, le factuel. Parler d’un succès à venir comme d’un fait réel, oblige à préciser les étapes traversées et solutions mises en place pour y parvenir. Sans qu’elle en prenne tout de suite conscience, la personne coachée qui joue au journaliste de sa vie, élabore un véritable plan d’actions. Celui qui l’a amenée là où elle se projette. La concrétisation de son projet a déjà commencé… Cela s’applique aussi à une équipe qui a besoin d’un récit commun pour élaborer un plan d’action.
Pourquoi conseilles-tu d’utiliser la troisième personne plutôt que le "Je" pour parler de son succès ?
Anna : Parce que cela oblige, toujours à la manière d’un journaliste, à prendre de la distance avec son succès. À le regarder, à l’observer, à l’étudier, à le décrire. Pour en parler avec clarté et concision. Parler de soi à la troisième personne du singulier - ou du pluriel selon qu’on parle d’une équipe ou d’un groupe – est une posture mentale qui permet d’opérer une dissociation de soi-même. Le narrateur prend de la hauteur et est à la fois l’acteur ET l’observateur de l’histoire.
Moi qui m’intéresse beaucoup au storytelling, je pense que Success Story peut aussi servir à mieux se « vendre » avec une approche innovante du personal branding. Qu’en penses-tu ?
Anna : Oui, tu as raison. Cela fait partie des usages possibles. Le jeu peut aider une personne ou une équipe à se mettre en marche vers une réussite individuelle ou collective. Il peut aussi servir à parler de sa vision, de sa mission, de ses actions. Success Story sert aussi dans le cadre d’une animation de réunion, de groupe, ou une facilitation d’atelier. Imaginons par exemple un icebreaker ou chaque participant pioche au hasard ou choisit une carte-titre pour se présenter ou parler de son état d’esprit, de son humeur. C’est aussi un super outil d’atelier d’écriture. Dans ce cas, le titre servira d’incipit pour démarrer l’écriture d’un texte ou de chute pour conclure une histoire.
Success Story peut donc aider les animateurs d’ateliers créatifs et culturels...
Anna : Tout à fait. Et je suis contente que cette interview permette de le souligner. Si j’ai d’abord pensé aux coachs et aux facilitateurs dans le cadre d’un accompagnement professionnel, je suis convaincue que Success Story a sa place en dehors de l’entreprise. Un professeur de théâtre pourra s’en servir pour des exercices d’improvisation. Les membres d’un atelier d’écriture pourraient s’amuser à raconter des histoires à partir d’un titre dans un format ou un genre littéraire imposé. Dans ce contexte, le jeu devient un outil de storytelling passionnant ! Quant aux enseignants, ils pourraient lancer un débat autour d’une question, d’une affirmation ou d’un thème contenu dans un titre ! J’imagine aussi des utilisations dans le cadre familial ou entre amis pour partager un projet, échanger sur un sujet d’actualité, parler et débattre, tout simplement, en s’extrayant des écrans et en laissant libre court à son imagination. Si les jeux que je conçois peuvent stimuler la créativité, faciliter les échanges et ouvrir sur d’autres possibles, alors ma mission d’autrice a un sens.
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